Danny continue sa carrière chez Delta, certainement la plus grande compagnie aérienne du monde. Il vole sur MD80, avion réputé «pointu» du fait de ses moteurs puissants et de son aile sans bec. Bientôt, il retourne en qualif’ pour voler sur Airbus A320. Suite à la fusion de Delta et de Northwest, l’organisation de la compagnie évolue. Mais aux USA, évolution et changements font partie de la vie.

Au moment où le groupe Air France est en crise structurelle, où l’idée de fusion avec ses filiales fait couler beaucoup d’encre, où la notion d'élite de l’air - issue de la méthode française - a perdu toute sa crédibilité, Danny apporte un énorme morceau de réponse à nos problèmes : faut-il privilégier dans les cockpits le Savoir ou le Savoir-Faire ? Est-ce raisonnable de faire voler des jeunes sans expérience sur des avions lourds et sophistiqués ? Voler sur un réseau régional est-il dégradant et incompatible avec l’exploitation long-courrier ? La motivation n’est-elle pas l’essence de la sécurité ? Est-ce «mandatory» de savoir résoudre une intégrale triple pour suivre un ILS ?

Tous mes camarades pilotes qui ont fait leur formation aux USA ou au Canada sont unanimes : la meilleure école c’est traverser les USA en Cessna au milieu des gros porteurs, se poser à Dallas FW derrière un B747, passer les examens théoriques - sans question tordue - lorsque tu es fin-prêt. C’est riche en enseignements et en expériences. C’est bien sûr sans comparaison avec notre système à la française, où le pilote VFR - pourtant issu de la «meilleure formation» - n’a pas le droit de se poser à CDG ni à Orly, sans parler des TRES grands aéroports de province. Il y a une réelle opposition entre deux conceptions de l’aviation : pour les anglo-saxons, l’aviation regroupe tout ce qui vole. En France, l’aviation, c’est l’aviation commerciale, celle qui fait du business. Entre autre parce que de nombreux cadres de la grande compagnie et de la DGAC n’ont pas une grande connaissance de l’Aviation Générale, et que cette industrie évolue en milieu protégé.

Je n’ai pas l’habitude de publier des messages «engagés», mais la lecture du blog de Danny me force à dire que ces autres américains, qui sont assez idiots pour rouler en gros 4X4, qui ne savent pas où se trouve Paris et qui n’ont pas le TGV, inventent l’iPod, le Jazz, le B747, et surtout le modèle aéronautique le plus sûr grâce à un bon «Basic Knowledge» et à un ascenseur social sans faille.

Nous nous félicitons d’avoir un modèle social juste. Le meilleur nous dit-on. En France, Danny y serait manager chez McDo à Strasbourg. Mais il a choisit de vivre aux USA. Il y pilote un Jet de 150 places et dans quelques années, il sera Captain.

Et si on nous avait menti ?

Bons Vols !

Mr Throttle.